Le rêve de Cassandre

4 novembre 2007

revedecassandre

Un film à voir

"Aaaah... la famille... !!!

Un film impressionnant, un peu moins bien que l'excellent Match Point (impitoyable film, le carton de 2005), ici avec Le rêve de Cassandre Woody Allen tisse progressivement une tragédie en trois actes digne des plus grands auteurs de la Grèce antique...

Avec le premier acte, on rencontre les deux frères, Ewan Mc Gregor et Colin Farrel (Terry et Ian), incroyables tous les deux dans leur très bon contre emploi ; on suit leur vie et leurs déboires, leurs problèmes qui vont s'amplifier au point d'entraîner la suite du film et planter ainsi la tragédie que Woody Allen se fait un malin plaisir de raconter en changeant son style habituel, en revenant sur les terres "antiques" de Angleterre, ce qui permet de voir une nouvelle fois Londres à l'écran. Le premier acte se termine par la rencontre avec leur Oncle d'Amérique (pas l'oncle Sam) mais Ken Livingston et l'annonce du pacte...

Pendant le deuxième acte, le réalisateur s'intéresse au comportement différent des deux frères face à l'acte qu'ils vont devoir réaliser pour avoir droit à une deuxième vie, synonyme de seconde chance. Une partie brillante puisque l'on ressent vraiment les émotions des deux acteurs, leurs réflexions, et la rencontre avec l'homme à "abattre"... Un pacte pour éponger les dettes de l'un et offrir le rêve américain à l'autre qui a rencontré une actrice dont il souhaite lancer la carrière à Hollywood.

Le troisième acte, correspond à "l'après", leur nouveau départ qui ne se passe pas sans complications... L'un assume et son acte et le range dans le passé en se concentrant sur son avenir, le second rongé par son geste, devient de plus en plus nerveux et déprimé, incapable de dormir et d'oublier son acte, et songe à se rendre à la police.

C'est cette tragédie antique (d'où le nom Cassandre peut-être) qui est raconté en 1h48, sans temps mort, réalisé par un maître légendaire, Woody Allen devenu depuis quelques années fou d'Angleterre.

C'est un film intense qui ne laisse pas de répits aux spectateurs, un film sombre, loin des comédies intelligentes (Hollywood Ending, Anything Else...) de Woody Allen. On retrouve la même intensité que dans Match Point (je me rappellerai longtemps cette scène où la bague rebondit sur la barrière, hésitant avant la chute finale...) avec une grande inquiétude de ce que vont devenir nos deux héros.

A la fin du film on ressent un vide intense, on pense à ce qu'on vient de voir, à la douleur des frères, on songe au fait que l'homme a forcément la possibilité de choisir ces actes. Woody Allen aborde dans ce film comme souvent la question de la religion, "y-a-t-il un dieu qui punit les fautes?" il est également question de la rémission des péchés...

Le film ne change pas de registre : le film noir, même lorsque l'un des deux frères se pose toutes ces questions, le drame s'épaissit d'ailleurs de plus en plus... Il n'y a pas de réponses dans le film, pas de rédemption non plus. Seul le choix que l'on fait de sa vie et de ses actes importe.