Un secret

Un film à voir

Un secret est un film que j'attendais depuis plusieurs semaines. Enfin je suis allé le voir avec Amélie. Ce n'est ni pour Patrick Bruel, ni pour Cécile de France, ni pour Ludivine Sagnier que ce film me faisait envie, mais pour le réalisateur Claude Miller (La petite Lili en 2003 et Betty Fisher 2001 sont deux très bons films, à voir dés que l'occasion se présentera). Le film est adapté du roman de Philippe Grimbert.

Avant de parler du film, il faudrait planter le décor. Au début des années 50, au lendemain de la guerre, François un jeune garçon vit à Paris avec ses parents, tous les deux passionnés par le sport. Il ne se sent pas apprécié par son père, il est trop chétif et n'est pas doué en sport (au contraire de ses deux parents). Il va s'inventer un frère imaginaire, plus fort, plus grand et meilleur que lui sur lequel il s'appuiera pour essayer de grandir. Les années passent pour François qui grace à une voisine kinésithérapeute (Julie Depardieu) il va enfin connaitre la vérité sur "le secret" de sa famille.

Le film se passe entre les années 1930 et 1985, une longue période, les acteurs sont maquillés, grimés pour paraitre plus jeunes ou plus vieux... La question de l'apparence n'est plus trop importante, ce n'est qu'un détail, on se laisse vite envahir par l'histoire et par les personnages. Tous les acteurs sont émouvants et talentueux, avec encore une remarquable prestation de Cécile de France qui devient réellement (depuis plusieurs films déjà) une "femme fatale"... qui va faire chavirer le coeur de Patrick Bruel.

D'un point de vue historique, on voit un gros effort pour nous recadrer dans l'époque voulue, soit en 1930, soit en 1940, soit en 50 ou en 85. Les décorateurs et les costumiers ont du faire un effort considérable de recherches, cela rend bien. Très bien même.
D'un point de vue filmique, le film est vraiment intéressant. A plusieurs moments l'oeuvre de Claude Miller est réflexive. Dans le sens ou le film Un Secret réflechit (comme le miroir qui réfléchit) dans ses images le cinéma d'une autre époque, ici c'est le film Nuit et Brouillard qui est convoqué. Largement convoqué et cité, dans une très belle scène où le jeune François regarde avec sa classe le film. Cet aspect reflexif du cinéma est justement la base du cours que j'ai le jeudi. Ici en plus du coté "citation", on voit que les scènes de Nuit et Brouillard servent de rappel historique pour les enfants d'après guerre.

Un secret est un très beau et bon film, avec un autre détail intéressant, les images du passé lointain jusqu'à 1965 sont en couleurs et les images d'un passé plus récent (avec Mathieu Amalric dans le role de François adulte) sont en noir et blanc. On peut penser deux choses de cette inversion (habituellement les images du passé sont en noir et blanc pour rappeler le noir et blanc de la photographie, du cinéma...) ici étant donné que c'est l'inverse, le réalisateur a souhaité peut-être dire que le passé est plus vivant que le présent, qu'il ne doit pas être oublié, le passé est très ancrement lié dans chacun de nous c'est "notre quotidien" en quelque sorte. La couleur peut venir (peut-être) de ça, ou bien autre hypothèse, Claude Miller a souhaité filmer la vie en 1985 en noir et blanc pour masquer le maquillage des actrices et des acteurs. Hormis le personnage du père (Patrick Bruel) les autres personnages sont filmés souvent dans l'ombre, on n'a pas le temps d'étudier le physique, pour voir les "défauts" du maquillage.

Je recommande vivement ce film, qui nous prend aux tripes. Je n'ai pas pleuré mais j'étais profondement secoué par toute l'histoire et par ce secret si fort.
Merci Claude Miller et merci Philippe Grimbert pour ce grand moment.

Comments

[tic@]

tu apportes la réponse à une question que je me posais, concernant le film "Nuit et brouillard" que je ne connaissais pas.
Un film bouleversant, d'autant plus que cette histoire est tirée de faits réels, à une époque elle-même bouleversante...